Après l’atome, Sam Altman se tourne vers le soleil

“Les besoins énergétiques de l’IA” (Qant, M. de R. avec Midjourney)

Toujours plus voraces, les systèmes d’IA exigent de nouvelles sources d’énergie pour assurer leur fonctionnement. Parmi les pistes, le solaire et le nucléaire, dans lesquels le CEO d’OpenAI investit personnellement. Ainsi que Bill Gates.

Exowatt vient de lever 20 millions de dollars (18,7 millions d'euros) auprès de Sam Altman mais aussi du capital-risqueur Andreessen Horowitz. Cette start-up basée en Floride a mis au point une plateforme énergétique, de la taille d'un conteneur, qui utilise l'énergie solaire pour chauffer un matériau dans une batterie thermique. Celle-ci stocke la chaleur et la convertit ensuite en énergie via un moteur.

La promesse d'Exowatt est de fournir une solution énergétique durable et économique pour les infrastructures gourmandes en énergie, dont font partie les centres de données. Ce système pourrait donc bénéficier significativement au secteur de l'IA à un moment où la demande en énergie des LLMs augmente de manière exponentielle. Une étude publiée dans Joule fin 2023 estimait que les datacenters correspondent déjà à plus de 1 % de la consommation électrique mondiale, soit environ 250 térawatts. Mais leur croissance est extrêmement rapide. Les 1,5 million de serveurs d’IA que Nvidia prévoit de produire en 2027 devraient, à eux seuls, ajouter plus de 85 térawatts.

Les modèles nécessitent en effet une puissance de calcul considérable, entraînant une consommation énergétique élevée. L'entraînement de l'outil de génération vidéo de OpenAI, Sora, nécessite par exemple d’alimenter en permanence 100 000 GPU…

La tentation nucléaire

Sam Altman a répété publiquement que la fusion nucléaire sera nécessaire à terme pour répondre aux immenses besoins énergétiques de l'intelligence artificielle. Tout récemment, en mars dernier, lors d'un entretien avec le chercheur et podcasteur Lex Fridman, Altman a souligné que seule la fusion nucléaire pourrait générer d'importantes quantités d'énergie sans les inconvénients environnementaux des sources traditionnelles. Sans une percée technologique majeure, comme la fusion nucléaire, il sera impossible de satisfaire les besoins énergétiques croissants de l'IA.

Pour cela, Sam Altman a investi personnellement 375 millions de dollars (350 millions d’euros) dans Helion Energy, une entreprise américaine spécialisée dans la fusion nucléaire, qui espère produire de l'énergie à l'échelle commerciale d'ici 2028. La fusion nucléaire, processus au cours duquel des isotopes d'hydrogène fusionnent sous de très hautes températures et pressions pour former un plasma surchauffé, libère une énergie considérable. Microsoft s’est engagé à acheter de l’électricité à Helion dès son entrée en production, prévue en 2028. En septembre dernier, le groupe a ainsi recruté un expert en énergie nucléaire pour intégrer des petits réacteurs nucléaires modulaires et des micro-réacteurs nucléaires afin de fournir de l'énergie pour les centres de données utilisés par son cloud et ses systèmes d'IA (lire Qant du 3 octobre 2023).

Aurora tarde à se lever

Pour sa part, Bill Gates a créé une société spécialisée dans les microréacteurs par fission, et dotée de plus d’un milliard de dollars (935 millions d’euros). Terrapower, dont les réacteurs sont refroidis au sodium liquide et non à l’eau, prévoit de mettre en production son premier réacteur en 2030, dans le Wyoming. Un deuxième devrait suivre, dans les Émirats, pour produire aussi bien de l’hydrogène que de l’électricité.

Sam Altman n’est pas en reste. La start-up qu’il préside dans les microréacteurs, Oklo, a créé un projet de centrale, Aurora, 60 fois plus petite que ses consœurs actuelles. Les Aurora tardent toutefois à sortir du sol. Oklo avait annoncé en juillet dernier sa volonté de s'introduire en bourse via une fusion avec la Spac de Sam Altman, qui l’aurait valorisée 850 millions de dollars (près de 800 millions d’euros). Mais ici aussi, le retard s’accumule, sans explications.

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