L’Europe investit 7 fois moins que les États-Unis dans l’IA et 3 fois moins dans le calcul quantique. Une étude publiée en fin de semaine dernière de l'association Digital Europe dénonce le grave retard que l’Europe accumule dans sept des huit technologies numériques critiques. De plus, malgré une recherche publique encore forte, l'Union peine à commercialiser ses avancées.
Le Vieux Continent est particulièrement à la traîne en matière d'intelligence artificielle, avec seulement 53 % de “proximité à la meilleure pratique mondiale”, que Digital Europe définit comme la mesure dans laquelle un continent ou un pays se rapproche des normes, techniques et méthodes les plus efficaces et les plus avancées à l'échelle mondiale en IA.. Bien que forte dans les solutions B2B, l'UE est faible dans les premières étapes, cruciales pour le développement des grands modèles de langage et des capacités des centres de données.
La compétitivité européenne à la traîne dans l’IA • Source : Digital Europe
Le secteur des semi-conducteurs est le point le plus faible de l'Europe, avec seulement 45 % de proximité à la meilleure pratique mondiale. L'Europe est encore présente dans la fourniture de machines et d'équipements, mais elle manque de capacités de conception de puces avancées et de fabrication en amont et en aval. La dépendance vis-à-vis des fournisseurs étrangers constitue un risque élevé de rupture des chaînes d'approvisionnement.
La compétitivité européenne dans les secteurs technologiques critiques. Source : Digital Europe
Diagnostic erroné et traitement inadéquat
L'Europe, autrefois fer de lance de nombreuses innovations mondiales, se trouve aujourd'hui à un tournant critique dans l'ère numérique. Digital Europe constate que seulement 11 des 100 plus grandes entreprises technologiques mondiales par capitalisation boursière sont européennes. La part de l’Europe dans le PIB mondial est passée de 29 % en 1992 à 17 % aujourd'hui. L'étude met en lumière les principaux défis auxquels l'UE est confrontée dans huit technologies critiques, notamment l'intelligence artificielle, les technologies quantiques et la biotechnologie.
L’association identifie trois défis majeurs. Tout d'abord, l'absence d'échelle : la fragmentation du marché unique limite la capacité des entreprises de l'UE à croître et à concurrencer mondialement. Le manque d'investissement, ensuite : l'Europe est à la traîne par rapport aux États-Unis et à la Chine en termes d'investissements dans les technologies critiques. Enfin, l'étude cite un environnement commercial difficile. Les réglementations strictes entravent la croissance des entreprises européennes, les incitant souvent à se tourner vers d'autres marchés selon Digital Europe.
La sécurité économique n'est pas seulement une question de gestion des risques, mais aussi une immense opportunité pour l'Europe de retrouver sa place de leader technologique. L'UE est à l'avant-garde de la connectivité et des technologies de l'énergie éolienne, et elle reste compétitive dans les technologies spatiales. Pour réaliser son ambition de devenir une puissance numérique d'ici 2030, l'Europe doit créer et avoir accès aux technologies critiques de demain.
Additive Manufacturing : Un leadership menacé
Le leadership de l'UE dans le domaine de la fabrication additive est de plus en plus contesté (Source : Digital Europe)
L'UE ne maintient une position de leader qu’en matière de fabrication additive, avec 69 % de compétitivité globale, surpassant les États-Unis et la Chine. Cependant, cette position est menacée par une consolidation du marché et une concurrence croissante. L'Europe doit augmenter les investissements publics dans les capacités de fabrication, fournir des incitations pour l'adoption de la technologie et investir dans l'éducation pour combler le fossé des compétences.
L'Europe dispose de tous les atouts nécessaires pour réussir, conclut l'étude de Digital Europe, mais un changement de mentalité s'impose. Digital Europe, qui compte parmi ses membres aussi bien Google et Meta qu’Airbus, l’Afnum ou Numeum, énumère quatre recommandations :
- La simplification des régulations : Réduire la complexité réglementaire pour faciliter l'opération transfrontalière des entreprises.
- Des partenariats Public-Privé (PPP) : Accélérer le développement des technologies de pointe par la collaboration entre le secteur public et privé.
- Du financement ciblé : Réviser les instruments de financement pour les rendre plus accessibles et attractifs.
- Des investissements dans les infrastructures : Investir directement dans les infrastructures critiques comme les centres de données et les fonderies avancées.
Une manière d’inviter la nouvelle législature européenne à moins de réglementation et plus d’action.
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