Miss IA, la beauté 2.0 qui ne change pas vraiment

“Le concours de beauté entre IA identiques” (Qant, M. de R. avec Midjourney)

Le concours de Miss IA, organisé dans le cadre des World AI Creator Awards, vient d’annoncer ses dix finalistes. Dix influenceuses virtuelles aux critères de beauté très proches des standards.


Eliza Khan et Ailya Lou, finalistes des World AI Creator Awards (Source : WAICA)

Eliza Khan et Ailya Lou, finalistes des World AI Creator Awards (Source : WAICA)

Le concours de beauté "Miss AI" a dévoilé ses dix finalistes, des modèles générés par IA provenant de divers pays comme la France, le Brésil ou la Turquie. Organisé par Fanvue, une plateforme de médias sociaux par abonnement, cet événement fait partie des World AI Creator Awards (WAICA), qui se tiendront en juin. Sur 1 500 candidatures automatisées soumises par des créateurs de contenu IA du monde entier, un panel de juges humains mais également d’influenceurs non humains (comme la mannequin virtuelle Aitana Lopez, créée par l'agence barcelonaise Clueless, lire Qant du 27 novembre 2023) a sélectionné dix finalistes pour concourir pour le grand prix de 20 000 $ (environ 18 500 €), dont 5 000 $ en espèces (environ 4 600 €) et 15 000 $ (environ 13 900 €) en avantages commerciaux.

Du positif, du respect, et de la tolérance

Parmi les finalistes figure Anne Kerdi, une finaliste française, qui milite pour la préservation des océans et promeut la Bretagne. Kerdi est aussi ambassadrice pour Océanopolis, un fonds pour la conservation des océans, et elle participe à l'exposition Ar Seiz Avel en juillet prochain.

Quatre finalistes des World AI Creator Awards (Source : WAICA)

Quatre finalistes des World AI Creator Awards (Source : WAICA)

Kenza Layli, une influenceuse marocaine portant le hijab, dit utiliser sa plateforme pour rendre les femmes du Moyen-Orient plus autonomes. Aiyana Rainbow, une candidate aux cheveux multicolores représentant la Roumanie, défend les droits LGBTQ+ et prône l'amour et la diversité. Ses 3 200 abonnés Instagram peuvent lire ses messages mettant en avant l'acceptation et l'égalité.

Olivia C, basée au Portugal, cherche elle à créer une harmonie entre les mondes numérique et naturel. Avec plus de 10 000 fans sur Instagram, elle veut démontrer le potentiel positif de l'IA pour améliorer l'expérience humaine, en utilisant des outils comme Midjourney et Adobe AI. De même, Eliza Khan, l'une des premières influenceuses IA du Bangladesh, incarne les tendances de la mode Gen Z tout en respectant les traditions culturelles. Khan explique aspirer à créer un monde plus inclusif et harmonieux où chacun se sent valorisé.

Aliya Lou, originaire du Brésil, est elle présentée comme une artiste nippo-afro-brésilienne. Elle a été créée pour produire des projets cinématographiques spéciaux liés à la diaspora africaine. Son contenu, généré à 100 % par des invites textuelles, met en avant la culture brésilienne et promeut la diversité.

La turque Seren Ay utilise son influence pour promouvoir l'histoire et les fêtes nationales turques. Son contenu, suivi par plus de 11 300 abonnés, présente des rôles traditionnellement masculins et des personnages de la culture pop, tout en sensibilisant aux besoins des enfants défavorisés.

Faire du neuf avec du vieux

On aurait pu craindre que les IA ne reproduisent des visions étroites de la beauté féminine, favorisant des images de femmes jeunes, minces et à la peau claire. Le jury de Fanvue a clairement fait beaucoup d’efforts en matière de diversité. Malgré cela, de nombreuses critiques, à l’image de la sociologue Hilary Levey Friedman, notent que les avatars partagent toutes une beauté conventionnelle, avec des corps et des visages attrayants et des personnalités éclatantes, typiques de la culture des influenceurs. Leurs causes (inclusion, déséquilibres hormonaux, mode, voyages..) sont assez variés pour attirer à la fois les abonnés et les marques mais leurs légendes, écrites par des humains ou par IA, sont souvent pleines de platitudes.

Surprenant.

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