Sipearl pêche à Taïwan

Construire une souveraineté électronique européenne • Qant avec GPT-4o

Le fabricant de puces SiPearl fait entrer un investisseur taïwanais avant d’envoyer en production chez TSMC le premier microprocesseur d’IA européen.

  • Argent frais. Le concepteur français de microprocesseurs SiPearl a annoncé hier avoir complété sa série A à 130 millions d’euros, avec une troisième tranche de 32 millions.
  • Aréopage. L’opération permet l’entrée au capital du fonds taïwanais Cathay Venture – tout à fait distinct du franco-chinois Cathay Capital –, aux côtés de la France (via French Tech Souveraineté), de l’Europe (via l’European Innovation Council) et de ses partenaires industriels ARM et Eviden (Atos), ainsi qu’un syndicat bancaire piloté par la Caisse d’Épargne Rhône-Alpes.
  • Déesse mère. Le financement vise à industrialiser le processeur Rhea1. Disponible en 2026, ce modèle à 80 cœurs repose sur l’architecture ARM Neoverse V1 et comporte plus de 61 milliards de transistors. Il sera produit chez TSMC à Taïwan.
  • Roi des dieux. Le processeur alimentera le supercalculateur européen Jupiter, quatrième au monde par sa puissance, qui atteint plus de 70 exaflops en calcul 8 bits pour l’entraînement des modèles d’IA. Installé en Allemagne, son architecture modulaire se base sur la plateforme BullSequana XH3000 d’Eviden (Atos).
  • EN FILIGRANE : Pivot vers l’IA. SiPearl, qui a été fondée en 2019 dans le cadre de l’European Processor Initiative, a su repositionner Rhea du calcul à haute performance à l’inférence IA. Cela la place au centre de la stratégie d’expansion d’ARM vers les datacenters, à partir de sa base dans les smartphones. Elle compte désormais 200 employés répartis en France, en Espagne et en Italie, et opère un centre de données dans le nord de la France.
  • À SURVEILLER : Poches creuses et souveraineté. Sipearl, l’un des plus ambitieux projets électroniques que l’Europe a vu naître, n’a levé en six qu’une série A somme toute assez modeste. Mistral, seul créateur européen de modèles de fondation, s’est ouvert immédiatement aux capitaux étrangers mais, malgré cela, ses moyens ne peuvent être comparés à ceux des grands Américains et Chinois.

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