Dans un rapport récent intitulé "Gérer la transition vers la monnaie numérique de banque centrale", la Banque centrale des Pays-Bas (De Nederlandsche Bank) s'inquiète des risques d'une transition vers une monnaie numérique de banque centrale (CBDC) sans limites de détention. Le rapport met en effet en évidence les risques d'une trop forte demande qui pourrait perturber le système bancaire.
Le document, qui s'appuie sur un modèle DSGE (Dynamic Stochastic General Equilibrium) à deux pays avec frictions financières, examine la transition d'un état stable sans monnaie numérique (le premier pays) vers un nouvel état stable où une CBDC est émise par le pays 2. Cette nouvelle forme de monnaie offre aux ménages un moyen de paiement liquide, pratique et sans coût de stockage, ce qui réduit ainsi le pouvoir de marché des banques sur les dépôts.
Les résultats du rapport indiquent que, dans le nouvel état stable, la monnaie numérique améliore sans ambiguïté le bien-être sans désintermédier le secteur bancaire. Cependant, la période de transition vers ce nouvel état stable est marquée par une augmentation de la volatilité macroéconomique. La demande pour la monnaie numérique peut dépasser les attentes, ce qui entraîne une réduction des dépôts bancaires et des baisses initiales de l'investissement, de la consommation et de la production.
Pour atténuer cette volatilité, le rapport examine plusieurs politiques alternatives, comme des restrictions sur les détenteurs non-résidents, des plafonds contraignants, une rémunération échelonnée et des achats d'actifs par la banque centrale. Parmi ces mesures, les plafonds contraignants se révèlent être les plus efficaces pour réduire la désintermédiation et les pertes de production pendant la transition, avec un niveau optimal fixé à environ 40 % de la demande.
Le rapport suggère qu'une limite d'environ 3000 euros par habitant pourrait être efficace. Il s’agit précisément du niveau suggéré par la BCE pour le futur plafond de détention, mais rien n’a encore été fixé.
En revanche, l'euro numérique poursuit son chemin. Plus tôt ce mois-ci, la commission du Parlement européen pour les libertés civiles, la justice et les affaires intérieures a voté en faveur de l'euro numérique, et a proposé des modifications à la législation préliminaire pour le légaliser comme moyen de paiement légal.
Pour en savoir plus :
- De Nederlandsche Bank, Managing the transition to central bank digital currency
- Ledger Insights