La course aux ETF cryptos

“La montée des ETF cryptos” (Qant, M. de R. avec Midjourney)

Après New York et Londres, Hong Kong s’apprête à approuver ses premiers ETF bitcoin. Une tendance mondiale aux effets incertains.

Hong Kong approuvera dès ce mois-ci, selon l’agence Reuters, ses premiers ETFs bitcoin spot, devenant ainsi la première place d'Asie à en proposer. Confrontés à la chute d’attractivité de l’ancienne troisième place financière du monde, désormais rétrogradée, les régulateurs ont accéléré le processus d'approbation. Plusieurs gérants de Chine continentale et de Hong Kong ont soumis des demandes pour lancer ces ETFs, notamment les filiales hongkongaises de China Asset Management et Harvest Fund Management.

Hong Kong rejoint ainsi le phénomène financier de l’année, après Londres et New York. En trois mois, une passerelle s’est créée entre le système financier international et le monde des cryptos.

Débuts américains

En janvier dernier (lire Qant du 11 janvier), la Securities and Exchange Commission (SEC) américaine donne le top départ en approuvant onze premiers fonds négociés en bourse (ETF) basés sur le bitcoin au comptant, dont ceux de Blackrock, Fidelity et Invesco. Dès lors, tout s'emballe.

Quelques jours seulement après leur approbation, les ETF bitcoin passent la barre des 30 milliards de dollars collectés et viennent talonner les ETF axés sur l’or et les matières premières (lire Qant du 22 janvier). Ce succès encourage de grandes banques américaines, comme Merrill Lynch et Wells Fargo, à proposer à leur tour des ETF bitcoin au comptant à leurs clients en banque privée (lire Qant du 4 mars).

A New York, les ETF bitcoin gèrent désormais 56 milliards de dollars, avec une valeur de marché de 82 milliards. Les dix fonds spot représentent le gros du marché : les actifs sous gestion de l’ETF bitcoin de Grayscale s’élèvent à 24,3 milliards de dollars, contre 17,2 milliards pour Blackrock et 9,9 milliards pour Fidelity. Les onze fonds de futures restent bien moins importants et la SEC n’a pas encore autorisé les fonds d’options.

Le régulateur doit rendre sa réponse fin mai (lire Qant du 11 avril). De même, sa décision sur les ETF sur l'ether (notamment réclamés par BlackRock, VanEck et Franklin Templeton) a été reportée au mois de mai (lire Qant du 6 mars). La SEC n’avait d’ailleurs autorisé les ETF bitcoin qu’à reculons, après avoir perdu un procès contre Grayscale, l’un des premiers opérateurs d’ETF bitcoin, fin 2023.

La reprise du bitcoin coïncide d’ailleurs avec le rejet de l’appel fin octobre et l’envolée récente de son cours avec le décollage de ces fonds à partir du mois de février.

L'évolution du cours du bitcoin semble corrélée aux dates-clés des ETF bitcoin : octobre 2023 et février 2024. Source: CoinMarketCap

L'évolution du cours du bitcoin semble corrélée aux dates-clés des ETF bitcoin : octobre 2023 et février 2024. Source: CoinMarketCap

Londres monte à bord

Les autres places financières n’ont pas été sans remarquer cet engouement. La bourse de Londres a indiqué le mois dernier qu'elle prévoit de coter les ETN bitcoin et ether d'ici à la fin mai, des demandes pour des notes négociées en bourse (ETN) adossées au bitcoin et à l'ether (lire Qant du 12 mars et du 27 mars). Contrairement aux ETF, qui détiennent des actifs réels, les ETN sont des produits de dette qui reflètent la performance d'un indice sans posséder physiquement les actifs sous-jacents.

Ces débuts tonitruants ont également encouragé la branche hongkongaise du gestionnaire d'actifs chinois Harvest Fund Management a déposer une demande pour un ETF bitcoin spot auprès du régulateur financier local dès le début de l’année (lire Qant du 30 janvier). Elle devrait être approuvée dès ce mois-ci, selon les informations de Reuters.

Récemment surclassée par Singapour, la place hongkongaise mise en effet tout sur la blockchain. Les initiatives liées à la blockchain (monnaie numérique de gros, stablecoins, tokénisation) se multiplient, portées par des autorités réglementaires audacieuses. Depuis février, HSBC propose à ses clients particuliers l'accès à des tokens d'or suite à l'approbation de la SEC de Hong Kong (lire Qant du 28 mars). La plateforme de monnaie numérique interbancaire, mBridge, devrait être ouverte cette année.

Presque malgré elle, la SEC semble ainsi avoir ouvert la porte à une classe d’actifs extrêmement spéculative. Sinon le vase de Pandore, en créant un lien entre les marchés financiers et les cryptoactifs.

Pour en savoir plus :

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