Dans une manœuvre stratégique qui témoigne d'une concurrence accrue sur le marché de la recherche en ligne, OpenAI vient d'intégrer son prototype SearchGPT à ChatGPT, marquant ainsi son défi le plus significatif à ce jour face au monopole de Google. Cette intégration, disponible pour les abonnés ChatGPT Plus et Team, illustre l'ambition d'OpenAI de se transformer d'une société de recherche en intelligence artificielle en un acteur technologique grand public.
Grand public
L'offre d'OpenAI introduit un nouveau paradigme dans la technologie de recherche qui pourrait redéfinir les comportements des utilisateurs. Les premiers schémas d'adoption suggèrent en effet une bifurcation du marché. Les utilisateurs professionnels, particulièrement dans les domaines intensifs en données, privilégieront des outils plus structurés comme Perplexity AI. L'interface conversationnelle, combinée à des résultats sans publicité, présente en revanche une alternative séduisante pour le grand public. Le magazine Forbes le déclare inférieur à Perplexity pour les pros mais Tom’s Guide le considère nettement supérieur à Google pour un usage au quotidien.
OpenAI déclare que l’ensemble des utilisateurs de ChatGPT y aura bientôt accès : 250 millions de personnes chaque semaine. L’intégration de ChatGPT à Apple Intelligence, prévue à partir du mois prochain, devrait faire augmenter ce chiffre rapidement. Si l’on tient compte des capacités vocales de GPT-4o, OpenAI a de quoi offrir un moteur de recherche complémentaire à Siri au milliard et demi d’utilisateurs d’iPhones dans le monde.
Google, qui détient 90 % du marché du search, a ouvert le feu avec AI Overview, une fonctionnalité en cours de déploiement dans 100 nouveaux pays. Le géant de Mountain View s'appuie sur ses avantages concurrentiels substantiels : un accès sans précédent aux données de recherche et une infrastructure publicitaire pleinement développée. Google a déjà étendu la publicité de recherche à ces aperçus alimentés par l'IA et déclare qu’elle favorise la monétisation par les éditeurs. La recherche générative par Google devrait rapidement toucher 1 milliard d’utilisateurs.
Meta et Microsoft en embuscade
Pendant ce temps, Meta Platforms Inc. se positionne comme l'outsider de cette guerre des moteurs de recherche. Le géant des réseaux sociaux développe ses propres capacités de recherche au sein de Meta AI, qui compte déjà 500 millions d'utilisateurs mensuels actifs. L'approche de Meta pourrait être particulièrement perturbatrice en raison de sa position unique dans l'écosystème publicitaire.Elle envisage d'exploiter l'IA générative pour créer des variations illimitées de publicités ciblées, transformant potentiellement le fonctionnement du marketing digital.
L'intégration de l'IA générative dans la recherche ne représente en effet que la première étape vers un environnement numérique plus personnalisé et réactif, avec des ramifications potentielles pour tout, du commerce électronique aux logiciels d'entreprise. La véritable valeur pourrait ne pas résider dans la recherche elle-même, mais dans les données et les opportunités publicitaires qu'elle permet. Déjà, Google permet par exemple d’interroger les données de Google Maps via Gemini. Quoi de mieux qu’une IA pour analyser la masse de données que les plateformes accumulent sur chaque utilisateur, puis générer une publicité hyperpersonnalisée ?
La frontière ultime, qui ira de pair avec la généralisation des agents d’IA, est l'UI générative : des interfaces qui s'adaptent dynamiquement aux besoins des utilisateurs. Cette technologie pourra modifier fondamentalement la manière dont les utilisateurs interagissent avec les services numériques, des réseaux sociaux aux plateformes de commerce électronique.
Beaucoup plus dispendieuse, la recherche générative doit d’abord prouver son potentiel à redistribuer les cartes. Le pionnier, Microsoft Bing, n’a pas réussi à percer et l’audience des deux principales start-up, Perplexity AI et Arc Search, reste confidentielle. Mais l’avance prise par Microsoft en matière d’agents et les investissements de Meta dans les lunettes de réalité augmentée pourraient leur permettre un coup de théâtre, au moment où il s’agira de redéfinir une interface utilisateur.
Vers l’acte III.
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