Quantiq : un compagnon santé dans le smartphone

Alain Habra et Fabien Niel, cofondateurs de Quantiq (Source : Quantiq)

La start-up française développe une solution qui permet, à partir d’une vidéo de 30 secondes de son visage, d’obtenir des métriques comme le rythme cardiaque ou la fréquence respiratoire. Elle annonce ce mardi une levée de fonds de 2,6 millions d’euros.

La start-up medtech française Quantiq vient d'annoncer ce mardi sa première levée de fonds d'un montant de 2,6 millions d'euros auprès du fonds d'investissement Side Capital et d'un pool de business angels, notamment issus de la plateforme Graines de boss. La start-up, créée en 2020 par Alaib Habra et Fabien Niel, développe une technologie qui analyse, à partir d'un selfie vidéo d'une trentaine de secondes, le taux d'absorption de la lumière ambiante dans le sang qui circule dans le visage. Cela permet à l'utilisateur d'évaluer sa santé depuis son smartphone ou à un professionnel de le faire à moindres frais.

Un selfie du visage, pour mesurer le coeur et les poumons

La technologie de Quantiq analyse des variations de couleurs de peau invisibles, ou "photoplexinographie". Elle les relie à des variations de volume de sang et en déduit des métriques de santé : aujourd'hui le rythme cardiaque ou respiratoire. Demain, la pression artérielle.

Pour ce faire, l'entreprise utilise des modèles de deep learning entraînés sur des données médicales. « Contrairement aux LLM, pour lesquels les données sont relativement faciles à avoir, les données médicales sont soumises à une réglementation stricte. Nous avons réalisé des études cliniques dans des hôpitaux, en récupérant des données d’appareils médicaux de routine, qui ont été synchronisées avec des vidéos de patients » explique Fabien Niel, CTO et cofondateur de Quantiq. En croisant données mesurées et variations lumineuses du visage, il a été possible d'entraîner les modèles de deep learning.

La technologie fonctionne ensuite en deux temps. L'outil de Quantiq va tout d’abord extraire de la vidéo de l'utilisateur un signal dit PPG (pour “photopléthysmographique”), c'est-à-dire une représentation graphique des changements volumétriques dans les vaisseaux sanguins. De ce signal va être déduit dans un premier temps le rythme, puis la variabilité cardiaque (la fluctuation du rythme cardiaque au cours du temps). Enfin, le rythme cardiaque est calculé à la fois par le signal PPG et par des mouvements subtils de la cage thoracique.

Capture d’écran de l’utilisation de l’application Cobox de Quantiq (Source : Qant)

Capture d’écran de l’utilisation de l’application Cobox de Quantiq (Source : Qant)

Un gain de temps chez le généraliste comme aux urgences

Tout cela est rendu possible par l’IA, comme l’explique Alain Habra, CEO et cofondateur de Quantiq : « On transforme une image en un signal, et un signal en une mesure. Tout cela nécessite de l’intelligence artificielle. » Derrière l'IA, il faut comprendre des modèles convolutionnels 3D (une architecture de réseau neuronal spécialisée dans le traitement de données volumineuses, en particulier les données 3D, ici les vidéos des patients), qui permettent de déduire des métriques à partir d'une simple vidéo du visage.

Alain Habra identifie deux cas d'usage principaux à sa solution. Un premier avant la consultation ou durant le tri aux urgences, et un deuxième en aval d'une consultation, par exemple pour le suivi du patient à son domicile. Concernant les urgences, l'entreprise a réalisé une étude selon laquelle utiliser Quantiq pour mesurer le rythme cardiaque et la fréquence respiratoire pourrait permettre d'économiser en moyenne 21% du temps de prise en charge des patients.

En attendant Bruxelles et Washington

L'enjeu de Quantiq à l'heure actuelle est de pouvoir obtenir les certifications qui lui permettront de vendre son outil en tant que dispositif médical. Elle vise les deux principales certifications: le marquage CE, en vigueur au niveau européen, et la certification de la FDA américaine. Le premier est espéré pour l'automne de cette année, et la certification américaine pour 2025.

Sur ce marché, Quantiq sera la deuxième entreprise à obtenir le marquage CE. La medtech lorraine i-Virtual a obtenu ce label en mars 2023. Mais elle a certifié une API graphique, à la différence de Quantiq qui a certifié une couche algorithmique incorporable dans une infrastructure. Pour Alain Habra, cela pourrait permettre à un acteur comme Doctolib d’incorporer facilement la solution de Quantiq pour permettre par exemple aux praticiens de la plateforme de faire prendre leurs métriques à leurs patients en amont d’une consultation.

La levée de fonds annoncée par Quantiq ce mardi servira notamment à réaliser une récolte de données sur des patients atteints de fibrillation atriale (un trouble du rythme cardiaque qui accélère le cœur et le fait battre de manière irrégulière), dans l'optique de permettre sa détection future par Cobox, l'application B2B développée par la start-up. La possibilité, dans un futur proche, de pouvoir mesurer la pression artérielle pourrait ouvrir la porte à une application B2C : « Cela a du sens, mais pas tout de suite », considère Alain Habra. L'entreprise vise 100 000 patients qui utilisent sa technologie à horizon fin 2025 : « Notre objectif est que la technologie soit accessible par tous et partout » affirme le CEO de Quantiq Alain Habra.

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