Google Zero et la tour de Babel

La tour de Babel de Sundar Pichai • Qant, M. de R. avec Midjourney

Le nouveau mode d'affichage des résultats par intelligence artificielle dans Google Search provoque une levée de boucliers chez les éditeurs, qui dénoncent une perte massive de trafic, de revenus et de contrôle sur leurs contenus. Le fatidique moment “Google Zero”, où la recherche n’enverra plus de trafic aux sites, se rapproche.

  • En parallèle de Google I/O se tenait, cette semaine, se tenait Google Marketing Live 2025, un événement moins technique où le groupe a annoncé qu’il intégrerait de la publicité à l’AI Mode pour la recherche, qu’il généralise aux États-Unis, ainsi que dans les AI Overviews, déployés depuis l’an dernier.
  • Ces publicités comprendront des liens sponsorisés et des suggestions géolocalisées, ce qui pourrait encore réduire le trafic vers les sites de contenu, déjà limité par les réponses générées par l’IA, généralement suffisantes à répondre à la question posée.
  • C’est notamment l’économie du SEO qui menace ainsi de s’écrouler, car les pages auxquelles l’IA renvoie sont les plus riches en contenu et non les mieux “optimisées”, mais tout le trafic généré par Google pourrait se réduire : se profile ainsi le “Google-zero”, le jour où le trafic des sites médias ne sera plus nourri par les moteurs de recherche, alors que les réseaux sociaux se sont taris l’an dernier.
  • Une étude de Digiday estime que cela peut provoquer jusqu’à 40 % de baisse de fréquentation des sites médias, avec une perte potentielle de 2 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel aux États-Unis.
  • La News/Media Alliance, qui regroupe plus de 2 000 éditeurs principalement américains, s’insurge et accuse Google d’utiliser sans compensation les contenus de ses membres pour la recherche générative, qualifiant la pratique de « vol » et appelant à une intervention du département de la Justice des États-Unis.
  • À SURVEILLER : La tour de Babel. Des documents internes de Google, consultés par Bloomberg dans le cadre du procès antitrust en cours, révèlent que l’entreprise a refusé de permettre aux éditeurs de choisir comment leurs contenus sont intégrés à l’interface AI, leur imposant un retrait total du moteur de recherche pour exclure l’usage de leurs données. On observera toutefois que, si Google se réduit à bouleverser un système qui lui génère 200 milliards de dollars de chiffre d’affaires chaque année, c’est sous la pression de la concurrence, et notamment celle d’OpenAI. ChatGPT est en train de s’imposer comme le moteur de recherche de référence, faisant s’écrouler la tour de Babel du SEO que Google a patiemment construite.

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