Selon les rapports de CB Insights et DealRoom, les investissements dans les start-ups IA ont atteint 110 milliards de dollars, soit une augmentation de 62 % par rapport à 2023, selon DealRoom. Cette croissance contraste avec la baisse des investissements dans d'autres segments technologiques, qui ont reculé de 12 %.
L'essor de l'IA générative et des modèles fondamentaux
L'IA générative a concentré une part importante des financements en 2024. CB Insights rapporte que 13 levées de fonds dépassant le milliard de dollars ont été enregistrées dans ce domaine. Parmi les plus notables, Databricks a levé 10 milliards de dollars (lire Qant du 24 janvier), OpenAI 6,6 milliards et xAI 6 milliards (lire Qant du 9 décembre 2024).
Sept des neuf plus grands tours de financement de 2024 concernaient des entreprises spécialisées dans l'IA • Source : DealRoom
Le marché européen a suivi cette tendance, d’assez loin, avec le Royaume-Uni et la France en tête des écosystèmes les plus actifs. À Paris, la start-up Mistral a joué un rôle clé dans l’attraction des investisseurs vers la région.
Les financements de l’IA générative illustrent un changement dans la perception des investisseurs, qui misent désormais sur des modèles offrant des capacités de création et d’automatisation avancées. Cependant, ces modèles nécessitent des infrastructures coûteuses, ce qui explique la prédominance des levées de fonds conséquentes.
Répartition géographique des investissements
Financement et transactions dans l’IA par région du monde au quatrième trimestre de l'année 24 • Source : CB Insights
Les États-Unis ont absorbé 74 % des investissements en IA en 2024, et confirmé leur position dominante. La Chine, deuxième marché mondial, a enregistré une progression importante. L’Europe, avec un total de 12,8 milliards de dollars levés, affiche une dynamique en croissance.
L’écart entre les régions se réduit progressivement grâce à l’essor des hubs technologiques en Europe et en Asie. Les investisseurs privilégient désormais les secteurs où l’IA peut répondre à des problématiques spécifiques, comme la santé et la cybersécurité. L’Europe, bien que disposant de talents et de pôles d’excellence, souffre d’un accès plus limité aux financements d’envergure mondiale.
Un déplacement des investissements vers les applications IA en 2025
Les projections pour 2025 indiquent un redéploiement des capitaux vers les applications pratiques de l’IA. Selon DealRoom, l’IA pour la santé, la cybersécurité et l’industrie manufacturière figurent parmi les segments en forte croissance. Les investisseurs s’orientent vers des entreprises exploitant l’IA pour accroître l’efficacité et réduire les coûts opérationnels.
Les start-up doivent collaborer avec les industries établies pour concevoir des solutions répondant à des défis concrets. La transition vers des applications plus ciblées représente un changement stratégique majeur dans la distribution des financements.
Les secteurs traditionnels, comme l’automobile et l’énergie, adoptent de plus en plus l’IA pour optimiser leur production et renforcer leur compétitivité. Par ailleurs, l’IA appliquée à la finance connaît un regain d’intérêt, avec des solutions de détection des fraudes et d’automatisation des services bancaires.
L'Europe en quête de compétitivité
L’Europe cherche à renforcer sa place dans l’écosystème de l’IA. Selon le Sequoia Atlas, la région dispose d’une concentration d’experts en IA 30 % plus élevée qu’aux États-Unis. Londres, Paris, Berlin et Zurich figurent parmi les hubs européens les plus dynamiques, attirant un nombre croissant d’investisseurs.
Les analystes de DealRoom estiment que l’Europe pourrait tirer parti de cet avantage en facilitant l’émergence d’entreprises capables de rivaliser avec les acteurs américains et chinois. Toutefois, les obstacles réglementaires et le morcellement du marché européen ralentissent cette progression.
Des politiques de soutien à l’innovation et des initiatives de financement transnationales sont nécessaires pour renforcer la compétitivité du continent. Certains pays, comme la France, mettent en place des incitations fiscales pour attirer les talents et les investisseurs, une stratégie qui pourrait inspirer d’autres économies européennes.
Évolutions du marché et enjeux réglementaires
En 2025, la répartition des investissements devrait évoluer vers des solutions sectorielles plus spécialisées. Les financements colossaux accordés aux leaders de l’IA générative pourraient ralentir, au profit d’entreprises développant des outils concrets pour l’industrie.
Les questions réglementaires prendront également une place centrale. Les gouvernements s’intéressent de plus en plus à l’impact de l’IA sur l’économie et la société. L’encadrement des usages et la protection des données sont des défis que les entreprises devront intégrer dans leurs stratégies de développement.
Les législations en préparation, notamment en Europe avec l’AI Act, visent à encadrer les risques liés à l’IA tout en favorisant l’innovation. Aux États-Unis, la régulation reste plus souple, ce qui pourrait influencer le choix d’implantation de nombreuses start-ups.
Un marché en transformation
L’attrait pour l’IA demeure fort et les investissements ne montrent aucun signe de ralentissement. Cependant, la clé du succès en 2025 résidera dans la capacité des start-ups à transformer ces financements en solutions efficaces et adaptées aux enjeux réels du marché.
L’innovation technologique va de pair avec une évolution des attentes des investisseurs. Ceux-ci privilégient désormais des entreprises présentant des modèles économiques viables et capables de générer des revenus durables. Les prochaines années seront marquées par une consolidation du marché, avec une sélection accrue des projets bénéficiant de financements.
Pour en savoir plus :