Le prix de la politique

prix de la politique

En offrant – au maximum – 12 % du capital de Tesla à Elon Musk, les actionnaires incitent fortement leur PDG à ne pas revenir à la politique, et tenter plutôt de tenir ses promesses sur l’IA. Le plan voté redessine la nature même de Tesla : d’un constructeur automobile à une société de technologies, intégrant robotique, autonomie et intelligence artificielle.

  • Le fait nouveau : L’assemblée générale de Tesla a validé cette semaine un plan stratégique dont le volet le plus visible attribue au PDG Elon Musk des actions gratuites, en 12 tranches de 1% du capital chacune. Cela correspondrait au maximum à 878 milliards de dollars, arrondis exagérément à 1 billion de dollars (1 000 milliards).
  • Les conditions : Chaque tranche repose sur un double objectif : des seuils de capitalisation boursière, par paliers de 500 milliards de capitalisation supplémentaires, et divers jalons opérationnels allant de 20 millions de véhicules livrés à 1 million de robots Optimus produits et 1 million de robotaxis en exploitation commerciale. Sur les objectifs les plus atteignables (comme la progression de la conduite autonome FSD ou la montée en puissance d’Optimus), Musk pourrait engranger environ 50 milliards de dollars. Dans certaines circonstances, le conseil d’administration pourra, de plus, décider d'attribuer les actions même si les objectifs ne sont pas atteints, ce qui pourrait protéger l’incitation de Musk d’un retournement boursier.
  • En coulisses : Le plan repose sur des « actions restreintes » et non des stock options. La présidente du conseil, Robyn Denholm, explique que, dans le plan 2025 (par opposition au plan 2018), « les attributions acquièrent d’abord des droits de vote ; les droits économiques n’arrivent que 7,5 ans plus tard pour la première échéance, ou 10 ans plus tard ». Cette architecture garantit à Musk l’influence qu’il désire sur la société, mais le contraint à y rester durablement et l’incite à éviter les comportements dangereux. Son départ en politique a coûté cher à Tesla : le rebond des ventes au troisième trimestre, porté par la fiscalité américaine, devrait se révéler éphémère.
  • EN FILIGRANE : Virage stratégique. L’assemblée a également validé un nouveau plan stratégique, baptisé Abondance Soutenable (« Sustainable Abundance »). Tesla entend réduire simultanément le coût du travail (via le robot Optimus), de la mobilité (via les robotaxis) et de l’énergie (via ses batteries et réseaux intelligents). L’entreprise devient une plateforme d’IA intégrée plutôt qu’un constructeur automobile. Musk décrit le robot Optimus comme « le plus grand produit de l’histoire », qui représentera à terme 80 % de la valeur future de Tesla. Si Tesla investit effectivement dans xAI, malgré les résistances de certains actionnaires, les principales activités de Musk commenceront à se regrouper.

  • À SURVEILLER : De multiples rendez-vous. Côté humanoïdes, Musk évoque une production d’un million d’unités par an sur la première ligne de production, avec un objectif de montée en puissance progressive. À 20 000 dollars l’unité, Optimus serait plus accessible qu’un véhicule électrique et il éclipserait ses rivaux, qui semblent pourtant aujourd’hui plus avancés, notamment le californien Figure et le chinois XPeng. Côté mobilité, la production du Cybercab doit débuter en avril prochain, avec un nouveau processus de fabrication permettant d’assembler un véhicule en moins de 10 secondes (contre 1 minute pour une Model Y) et donc de produire 2 à 3 millions de Cybercabs par an sur une seule ligne. Le leader du marché des robotaxis, Waymo, prévoit d’avoir déployé, fin 2026… 3 500 véhicules seulement. Enfin, le système de conduite autonome FSD devra pouvoir se passer de supervision humaine et atteindre les 10 millions d’abonnés. Cela semble désormais atteignable : un peu plus de 2 millions de véhicules aux États-Unis le déploient aujourd’hui. Mais la première annonce d’Elon Musk sur le sujet remonte à 2013.

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