Il n’y a pas que Mistral. « Paris est exceptionnellement bien placée et travailler à partir de l’Europe s’est avéré incroyablement avantageux » témoigne Eiso Kant, cofondateur de Poolside AI. Sa start-up a effectué l’an dernier un rarissime “reverse flip”, des États-Unis vers la France, à la faveur d’un tour d’amorçage de 126 millions de dollars orchestré par Xavier Niel et Rodolphe Saadé, ainsi que le VC américain Felicis. Son marché, l’IA pour la création de code et de logiciels, est déjà bien encombré. Le marché est dominé par Github Copilot et ses émules (Replit, Code Whisperer devenu Amazon Q…) et par de grands modèles généralistes, particulièrement Claude Sonnet 3.5. La britannique Magic vient de lever 320 millions de dollars pour un agent codeur ; elle propose un modèle avec une fenêtre de contexte de 100 millions de tokens, soit 10 millions de lignes de code. Mais la discrète Poolside, qu’on dit proche de lever 400 millions de dollars sur une valeur supérieure à 2 milliards (lire Qant du 2 juillet), n’a pas dit son dernier mot.
Tout comme Sipearl, qui prépare avec ARM un microprocesseur dédié aux calculs d’inférence et Chapsvision, qui multiplie les rachats pour rivaliser avec Helsing et Palantir, Poolside AI semble proche de devenir une licorne actuelle, plutôt que future. Et la présence de ces trois entreprises d’IA parmi les huit futures licornes primées hier est bon signe. « Il faut mettre la France et l’Europe sur la carte de l’IA » constatait hier Anne Bouverot, envoyée spéciale de la France chargée d’organiser le prochain sommet international pour l’action sur l’IA, en février 2025.
Anne Bouverot, envoyée spéciale chargée du Sommet pour l’Action sur l’IA
Pour cela, la Commission pour l’IA qu’Anne Bouverot, à la ville présidente de l’Ecole Normale Supérieure, a coprésidée avec l’économiste Philippe Aghion propose notamment un fonds à l’échelle européenne, public et privé. « On peut assumer désormais de financer une politique industrielle avec de l’argent public », relève l’ancienne ministre Amélie de Montchalin, aujourd’hui représentante permanente de la France auprès de l’OCDE : « Le rapport Draghi montre même, très bien, l’urgence qu’il y a à relancer l’investissement et l’innovation en Europe. »
Ces sept dernières années, le jury des Futures Licornes a su déceler à 21 reprises des start-up qui ont par la suite atteint le statut de licorne : Alan, Mano Mano, Believe ou encore Mirakl. « Notre modèle de sélection a montré sa solidité. Les entreprises lauréates en 2024 sont exceptionnelles et à n’en pas douter une ou deux d’entre elles deviendront des licornes dans les 12 prochains mois » se réjouit Charles-Henri d’Auvigny, managing partner chez Reputation Age et créateur des Trophées.
Dans la série “Les Secrets de la Licorne”, Qant vous proposera à partir de la semaine prochaine une exploration des technologies émergentes dans cette population exceptionnelle d’entreprises françaises.
Charles-Henri d’Auvigny (Reputation Age), créateur des Trophées des futures licornes
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