Elon Musk sauve xAI et rouvre le feu contre Trump

xAI veut dépasser la concurrence. • Qant avec GPT-4o

La start-up d’intelligence artificielle d’Elon Musk, xAI, vient de boucler un nouveau financement de 10 milliards de dollars combinant dette et actions. Mis son fondateur se concentre sur la politique.

  • Frères ennemis. Le passage in extremis de la loi de “réconciliation budgétaire” hier au sénat américain a rallumé la dispute entre les deux meilleurs amis du parti républicain. Musk, qui a donné quelque 300 millions de dollars à la campagne de Trump, veut financer désormais les élus qui s’opposent aux déficits prévus par la “One Big Beautiful Bill” – dont l’effet sera d’ajouter entre 3 000 et 5 000 milliards de dollars à la dette américaine, tout en continuant d’affaiblir le billet vert. Fidèle à sa politique “extortionniste”, Trump a menacé, de nouveau, de supprimer les commandes publiques à SpaceX et de déporter Elon Musk, né sud-africain. Un sort qui évoque, la prison en moins, celui que Poutine a réservé à Mikhaïl Khodorkovsky, principal homme d’affaires russe lors de son accession au pouvoir.
  • 10 milliards en catimini. Tout à son duel politique, Elon Musk a laissé à la banque d’affaires Morgan Stanley, le soin d’annoncer le deal qu’elle a intermédié, aux côtés de Barclays, UBS et Mitsubishi UFJ. Grâce à elle, xAI a levé 10 milliards de dollars en deux volets : 5 milliards en dette et 5 milliards en capital.
  • Dette lourde. A son nouveau taux de 12,5 %, la dette a été sursouscrite, attirant des investisseurs mondiaux malgré des doutes initiaux sur la demande. Pour être précis, le financement comprend 3 milliards de dollars d’obligations avec un rendement de 12,5%, un prêt à terme à taux fixe d’un milliard de dollars à un taux d’intérêt de 12,5%, et un prêt à terme d’un milliard de dollars avec un taux d’intérêt variable, fixé à 7,25 points pourcentage au-dessus du taux de référence, vendu avec une décote à 0,96 $ par dollar.
  • Capital flou. L’identité de “l’investisseur stratégique”, apparemment unique, qui a souscrit les 5 milliards en capital – alors que la start-up cherchait 4,3 milliards –, n’a pas encore filtré, pas plus que la valorisation. Lors de l’absorption de X au prix du rachat de Twitter en mars dernier, celle-ci s’élevait à 113 milliards de dollars. Un doute subsiste encore sur les conditions effectives de l’investissement en capital.
  • Un petit troisième. Avec cette opération, xAI aurait atteint un total de 17 milliards de dollars levés, après une précédente levée de 6 milliards fin 2024 auprès d’acteurs comme Nvidia, AMD, Fidelity ou Kingdom Holdings (lire Qant du 9 décembre 2024). Elle reste donc loin derrière Deepmind, qui bénéficie des poches très profondes de Google, et d’OpenAI, qui a bouclé en mars dernier un tour de table massif de 40 milliards de dollars à une valorisation de 300  milliards de dollars (même si la deuxième tranche, de 20 milliards, reste soumise à conditions). Mais xAI coiffe, de justesse, Anthropic, qui a levé au total 15 milliards de dollars, dont 3,5 milliards en mars dernier pour une valorisation post‑money de 61,5 milliards de dollars.
  • EN FILIGRANE : Dépenses colossales. À 1 milliard de dollars par mois, le burn rate de xAI est largement supérieur à celui de ses rivaux. Ceux-ci bénéficient des clouds de Microsoft Azure (OpenAI), GCS (Google Deepmind) et AWS (Anthropic), alors que la start-up de Musk a choisi de construire son propre datacenter, Colossus, qu’elle espère doter d’un million de GPU.
  • À SURVEILLER : Corde raide. Avant cette levée, xAI semblait dangereusement proche de la fatidique zero-cash date. Mais sauf virage stratégique, l’opération lui apporte tout au plus dix mois de répit. Des discussions seraient déjà en cours pour une nouvelle levée de 20 milliards de dollars, avec une valorisation entre 120 milliards et 200 milliards de dollars. Faute de quoi, Oracle pourrait bien mettre les mains sur Colossus, sans doute à un prix moins que colossal.

L’essentiel